vendredi 16 septembre 2011

Ambiorix de Tongres, à l'exposition de 1867 à Paris

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A quelques pas de la statue équestre du roi Léopold Ier, se dresse dans la partie belge du Parc, un porte de pierres de taille couronnée de deux gigantesques figures de bronze. Cette porte, basse, massive n'est pas un arc de triomphe, mais bien une poterne. On sent que, pour qu'elle ait son véritable caractère, il ne lui manque qu'un pont-levis, agrafé à ses flancs par de robustes chaînes. Les sombres géants assis sur chacun de ses piliers, sont deux sentinelles au repos, deux Gaulois de l'an 57 avant Jésus-Christ, au temps des grandes luettes de la Belgique contre César et ses légionnaires.

Le torse nu, la chevelure au vent, inculte et épaisse comme une crinière, l'épieu à la main, la hache de pierre au côté, ces compagnons d'Indutionar et d'Ambiorix nous représentent bien ces guerriers barbares qui avaient coutume de se dépouiller avant d'entrer dans la mêlée; ne gardant que le casque et le glaive, ils fondaient sur les cohortes d'ennemies la tête la première, trouant les lignes là où ils tombaient, et secouant dans l'action, comme des grappes de pygmées, ces enragées de petits soldats romains qui ne leur arrivaient pas à l'épaule !

C'est donc bien de cette statue d'Ambiorix dont il s'agit.


Cette oeuvre, réalisée par le sculpteur français Jules Bertin, était exposée dans le Quart Belge de l'Exposition de 1867 à Paris. Elle représente Ambiorix le gaulois, chef des Eburons, et non pas Vercingétorix comme il est souvent noté.


La méprise s'explique simplement par le fait que M. Bertin a également réalisé une statue de Vercingétorix, assez similaire à celle-ci, mais dont on a parait-il perdu la trace. Il a quand même eu une statue de Vercingétorix, à Saint-Denis, oeuvre de Bertin, très postérieure, car datant de 1890 (voir en bas de page).


En revanche, celle d'Ambiorix est toujours visible sur la Place de l'Hôtel de Ville de Tongres (Tongeren) en Belgique, et dans un merveilleux état.


Voici d'ailleurs quelques photos, toutes fraîches... prisent il y a deux jours... hélas, c'était jour de fêtes à Tongres, et la place était pleine de manèges et autres stands ou buvettes.



Merci à l'inépuisable Gaël Bottomcircle, qui a su me mettre sur les traces de cet Ambiorix alors que je me rendais en Belgique.

Ci-dessous, au début du siècle dernier, une carte postale sur laquelle on découvre cette statue fort similaire de Vercingétorix, dans la Square Thiers (noté Square Pierre sur la carte postale) à Saint-Denis.


On sent bien que la "patte" est la même, mais la pose est différente, pas de hache cette fois-ci, mais une épée.
Cette statue, fondue en 1889 par Thiébaut (pour 7800 F, 1474 kg) et inaugurée en 1890 à Saint-Denis, ne nous fera pas la chance d'être retrouvée, car elle a été fondue sous le régime de Vichy.


Jules Bertin est né à Saint-Denis en 1826. Après avoir été à l'Académie d'Anvers, il travaille à Liège et s'y marie. Il retourne ensuite à Saint-Denis dans les années 1870... où il réalise ce Vercingétorix disparu. Il décède en 1892 à Paris.

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